Qu’est ce que l’assolement ?

Système de culture, Assolement, Parcelle, Rotation, Succession culturale…
Autant de termes qui sont très spécifiques à l’agronomie, base de mon métier d’agricultrice. J’essaie ci-dessous de vous les expliquer…

Agronomie, n.f : Étude des relations entre les plantes cultivées, le sol, le climat et les techniques de culture, dont les principes régissent la pratique de l’agriculture. Étude scientifique de tous les processus concernant l’agriculture.

Ma ferme est décomposée en plusieurs territoires appelées parcelles.
Ces parcelles peuvent être fixes, délimitées par un voisin, une route, un chemin… mais sur des grands blocs, les limites de parcelles peuvent évoluées en fonction des besoins chaque année (on divise une grande parcelle en plusieurs petites).

Chaque année, il faut travailler son assolement.
L’assolement c’est la répartition de la surface de l’exploitation entre les différentes cultures d’un point de vue quantitatif et spatial.
Pour faire son assolement annuel il faut étudier 3 paramètres :

• la taille de la sole,
• la localisation
• et la succession.

1/ la taille de la sole

(« sole de blé » = surface en blé)
Pour chaque culture, elle dépend de plusieurs facteurs :

• les besoins éventuels du troupeau (ex herbe, maïs…),
• les débouchés ou les contrats,
• le matériel/stockage/main d’oeuvre à disposition selon spécificité de la culture,
• les exigences de la culture et les caractéristiques du milieu (sol, climat…)
• les tailles de parcelles
• les exigences réglementaires

Par exemple, chez nous la sole de pommes de terre est décidée en fonction du contrat avec notre acheteur et de notre capacité de stockage.
Le lin, qui nécessite un matériel de récolte spécifique, ne peut avoir plus de surface que notre capacité à le récolter en condition difficile, au risque de perdre une partie de la récolte.
Le blé dur, sa surface est dépendante de la capacité de pouvoir moissonner toute la sole en seule 1 journée pour avoir une qualité optimum.

2/ la localisation

Les parcelles sont choisies pour chaque culture en fonction de plusieurs critères :

• le milieu (climat, sol, irrigation disponible)
• la distance et les accès
• l’état sanitaire de la parcelle
• le relief
• la proximité des bois, les dégâts

Par exemple, chez nous les pommes de terre sont cultivées seulement sur les parcelles où l’on peut irriguer où il y a le moins de cailloux.

Dans la parcelle des Templiers reprise l’année dernière, l’infestation en Ray-Grass (mauvaise herbe) nous incite à ne pas remettre de céréales avant 3 ans, levier agronomique pour faciliter le désherbage (casser le cycle des mauvaises herbe avec des cultures de printemps par exemple)

Une partie des parcelles se trouvent à 30 km du siège d’exploitation, difficile d’y faire du lin. Surveillance/observation de la parcelle moins facile pour cette culture exigeante, récolte et transport des ballots compliqués. (Pour les céréales, nous livrons à la coopérative voisine, mais le lin est stocké au siège d’exploitation)

3/ la succession culturale

La succession culturale correspond à la succession des cultures dans le temps sur une portion de territoire. Elle peut être cyclique. On parle alors de rotation (qui se répéte de façon régulière).
La tête de rotation est généralement la culture la plus rentable de la rotation qui en impose la durée minimum.

Plus notre rotation est longue, mieux c’est !

La succession culturale est choisie en fonction de nombreux critères :

• maladies
• état structural de la parcelle
• date de récolte du précédent // date de semis de la culture
• alternance des cultures qui se sème à l’automne/au printemps pour réduire la pression des mauvaises herbes
• délai de retour d’une culture. Par exemple pour le lin, l’idéal c’est un retour tous les 5 à 7 ans. Pareil pour les pommes de terre.

Par exemple, chez nous, les sols ont la maladie de l’aphanomyces qui touche le pois. Presque 30 ans après, il n’est toujours pas possible de faire des pois dans ces parcelles car les rendements sont médiocres.
Après le lin ou les pommes de terre, nous ne pouvons pas mettre de colza, car la récolte se fait en septembre et le semis doit être fait en août.

Comme vous le comprenez, l’assolement peut-être un vrai casse-tête. Il n’y a pas de bons choix (parfois des mauvais) et toutes ces notions s’affinent en fonction de l’expérience.